2014 : Année de la coopérative Ramon Padilla de San José de Cusmapa!
Comme chaque année, voici les dernières nouvelles de ce petit coin du Nicaragua où nous travaillons avec l’UNICAM, la Universidad Campesina, notre partenaire local depuis une dizaine d’année. Au fil des ans, les projets n’ont cessé d’évoluer et de se compléter. Au début, c’est surtout la production de l’agriculture familiale ainsi qu’une amélioration de la nutrition qui étaient visées. Aujourd’hui, on touche à la souveraineté alimentaire de toute une région.[/box]
San José de Cusmapa, Nicaragua
La population de la région montagneuse dans laquelle nous travaillons est majoritairement d’origine indigène et organisée dans des entités appelées « communautés » autour d’un chef lieu plus central et urbanisé: San José de Cusmapa. Ces communautés ont été longtemps délaissées et n’ont pas accès aux technologies ni aux infrastructures: pas de routes, peu de moyens de communication, des communautés isolées comptant parmi les plus pauvres du pays. Elles vivent d’une économie familiale de subsistance et sont très vulnérables à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et aux changements climatiques. Les saisons de pluies sont de plus en plus décalées par rapport aux saisons des semis, quand elles ne sautent pas simplement une année. Ou alors, ce sont des pluies diluviennes qui ravagent le sol. Le métier d’agriculteur est à haut risque mais quand en plus, il ne dégage que très peu de revenu, c’est la survie qui est en danger.
Le marché municipal
L’UNICAM, avec un soutien financier réduit ce début d’année à cause de l’achat et de la rénovation de la maison voisine de la Casa Nica, a poursuivi son suivi du marché couvert de la petite municipalité de San José de Cusmapa. Le joli bâtiment en bois qui l’abrite a été inauguré quelques mois auparavant mais les habitudes sont difficiles à changer. Les habitants de ce hameau ont du mal à s’y déplacer, toujours habitués à ce que les femmes passent devant chez eux pour y vendre les surplus de leurs récoltes. Qu’à cela ne tienne, Chepin, promoteur local du marché, a organisé diverses activités comme des foires paysannes pour le promouvoir. Don Gertrudys, permaculteur brillant, a lui veillé à ce qu’y soient proposés des produits variés et alléchants. Le marché est finalement passé aux mains de la municipalité qui laissera une place privilégiée au groupe fondateur mais va dorénavant se charger de l’organiser, de l’entretenir, de l’améliorer.
En 2013, parallèlement au marché, un petit groupe de femmes et de jeunes se sont également formés à la transformation de certains des produits issus de leur parcelle, pour les conserver plus longtemps et les vendre avec une valeur ajoutée. Ils peuvent aujourd’hui proposer à côté des fruits et légumes frais, du pinolio (mélange de maïs, cacahuète, cannelle et parfois cacao, en poudre pour faire une délicieuse boisson glacée ou chaude), des vinaigres (utilisés pour les nombreuses marinades de la cuisine nica), des confitures, des sauces, …
La coopérative agricole Ramon Padilla
Mais l’initiative la plus importante cette année est sans aucun doute le lancement de la coopérative Ramon Padilla. Elle est centrée autour de trois lignes d’actions: l’amélioration de la production agricole familiale selon des méthodes agroécologiques, la gestion des récoltes et la commercialisation des excédents. La coopérative aura comme mission de conseiller et d’aider techniquement les petits producteurs à développer des activités génératrices de revenus en améliorant la qualité et en diversifiant leurs productions. Elle va également mutualiser les moyens de production, les moyens de stockage, de traitements et le transport des récoltes, ainsi que la vente dans un circuit court à un prix juste tant pour le producteur que pour le consommateur. Elle a été fondée en 2010 par 93 agricultrices et agriculteurs et a un futur autonome mais nécessite une assistance technique et financière pour se consolider au préalable et s’équiper.
Une Tienda Campesina
La coopérative va prochainement ouvrir une « Tienda Campesina »: un magasin de fournitures agricoles afin de les rendre plus accessibles car rien de tel n’existe à moins de 3 heures de bus de ces montagnes. Une sorte de groupe d’achat commun pour les membres couplé d’un magasin ouvert à tous les agriculteurs de la région. La coopérative va également englober la gestion des banques de semences communautaires mises en place précédemment car elles optimisent la conservation des semences pour les rendre disponibles sans en augmenter le prix au moment des semailles, comme c’est le cas dans le circuit commercial classique. Elles permettent aussi de préserver les variétés locales, moins fragiles pendant les « mauvaises années » que les semences commerciales hybrides.
Globalement, la coopérative veut développer des activités qui ont pour objectif d’augmenter les revenus de l’agriculture familiale en organisant également la commercialisation des excédents. Elle commencera par se focaliser sur l’un de principaux produits de la région, tant pour les producteurs que les consommateurs, les fèves rouges et noires de variétés locales, sources de protéines importantes et éléments de base de l’alimentation quotidienne dans le fameux gallo pinto! Elle en soutiendra la production par la mise à disposition de fournitures et d’équipements à un prix avantageux via sa « Tienda Campesina »; elle renforcera les compétences des petits producteurs selon la méthodologie de « paysan à paysan », les assistera techniquement sur leur parcelle; elle organisera la gestion et la conservation des récoltes en collaboration avec les banques de semences communautaires ainsi que le tri, le nettoyage, le séchage, l’empaquetage, le transport et la vente. Elle commercialisera ces produits avec une valeur ajoutée et à terme, espère obtenir un label de qualité reconnu au niveau national.
Bien entendu, tout cela est accompagné de nombreuses formations pour la coordination et la gestion de la coopérative. Un ingénieur agronome poursuit son travail d’assistant technique et de formateur, et le ministère en charge des coopératives collabore à l’initiative.
Bientôt une route et peut-être un véhicule?
Ce projet va permettre de regrouper et de renforcer une activité commune exercée par de nombreux petits producteurs afin d’en réduire les coûts et d’en augmenter les débouchés. La coopérative mettra à disposition des agriculteurs, des infrastructures, des équipements et des services auxquels ils ne peuvent accéder de manière individuelle et qui ne sont pas disponibles au niveau local. Un des grands objectifs pour la fin de cette année est notamment de financer l’achat d’un véhicule tout terrain pour que la coopérative puisse (enfin!) organiser le transport collectif des productions de ces communautés éloignées. La construction d’une route qui va joindre le centre d’une municipalité proche, Las Sabanas, au reste du pays, rend cet objectif encore plus opportun.
La coopérative est actuellement soutenue par un subside la Loterie nationale mais c’est loin d’être suffisant. Alors continuez à venir déguster nos super petits plats bio, locaux et/ou équitables (nous n’oublions pas nos agriculteurs locaux!), vous amusez à nos soirées et si vous voulez en faire encore plus, n’hésitez pas à nous contacter!
Nous vous remercions chaleureusement de votre participation, quelle qu’elle soit – en étant présent à nos soupers bio (nous n’oublions pas nos producteurs locaux!) et nos soirées, en y donnant des coups de main, en occupant nos locaux, par vos contributions aux bourses, etc… pendant l’année 2013 et d’ores et déjà pour 2014!
L’équipe de la Casa Nica
Casa Nicaragua – asbl Pierreuse & Ailleurs
Rue Pierreuse 23 – 4000 Liège
Plus d’infos sur les projets au Nicaragua : info@casanica.org ou 0497/065114
Pour la Casa Nicaragua : 0485/769750
BE96 0682 0783 0005
Plus d’infos sur <a href= »https://casanica.org »>www.casanica.org</a>